Planète vagabonde

J'ai pris forme dans l'univers, et je me suis posé ici, sur la planète bleue.
Ai-je été dérouté par quelque malencontre, abusé par quelque illusion?
Car dans le repos ou l'exaltation, surgissent
d'autres images, d'autres sentiments, d'autres espaces, d'autres élans,
qui m'apportent, fugitifs et émus, les parfums d'un ailleurs souvenu.

Je chevauche l'ici et l'ailleurs.
Tout de l'ici m'est plus étrange que l'ailleurs.
L'ici est submergé de clameurs et de stupéfactions;
l'ailleurs s'irrigue d'amitié, scintille d'enthousiasme,
s'enveloppe de silence, et patiente à l'infini.

L'ailleurs et l'ici ont rendez-vous dans un havre intime et secret.

vendredi 13 avril 2007

Monde onirique

Anna Moï, L'écho des rizières:

“Les erreurs sont rarement fatales.
Elles sont même plutôt heureuses, réfléchissant ainsi une vision subjective et non conforme à la réalité d'autrui.
Elles donnent, durant le temps qu'il faut pour la corriger, une identité décalée aux choses: une fraîcheur.”

Le fait qu'une identité décalée soit donnée aux choses, est-ce une erreur?
Et s'il y a une erreur, n'est-ce pas le fait de croire qu'une erreur soit possible?
Et s'il n'y a pas d'erreur, il n'y a donc rien à corriger.

Un proverbe dit: “Errare humanum est, sed perseverare diabolicum / Il est humain de se tromper, mais diabolique de persévérer (dans l'erreur).”
Ce qui est diabolique appartient au diable, autrement dit au diviseur.
Error (erreur) a la même racine qu'errare (errer). Est-ce qu'errer n'est pas la manière la plus juste de marcher sur son propre chemin, celui qui est “subjectif et non conforme à la réalité d'autrui”?
Ce qui me reconduit au premier article de ce blog...

Est-il diabolique de vouloir tracer son propre chemin?
N'y aurait-il qu'un seul et même chemin pour tous les êtres, et non pas autant de chemins que d'êtres?

Pour ma part, je n'accorde pas à l'erreur ce statut dramatique. L'erreur, c'est l'imprévu, ce peut être un cadeau que m'offre la vie pour échapper à l'étroitesse de ma propre vision en me rappelant que les possibles ne cessent de se créer.

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Lama Chagdud (ou Chakdud) Tulku Rinpoché (épigraphe à L'écho des rizières):

“Reconnaissez sans cesse le caractère onirique de la vie et réduisez attachement et aversion.
Cultivez la bienveillance envers tous les êtres.
Soyez emplis d'amour et de compassion, quelle que soit l'attitude des autres envers vous.
Ce qu'ils vous font aura une moindre importance si vous le voyez comme un rêve.
La clé est de conserver une intention positive durant le rêve.
C'est là le point essentiel, la spiritualité authentique.”

S'il n'y a pas d'autre erreur que de croire que l'erreur est possible, dans ce rêve que serait la vie, alors corriger cette seule erreur, retirer ce voile qui distord la vision, n'est-ce pas cela l'intention positive qui permet d'habiter le rêve.

Et, pour conclure sur cette positivité:

Ralph Waldo Emerson (Compensation):

“On ne peut non plus dire, d'autre part, que le gain de la rectitude doive être payé par une quelconque perte. Il n'y a aucune pénalité pour la vertu; aucune pénalité pour la sagesse; elles sont les additions naturelles de l'être. Dans une action vertueuse, je suis comme je dois être; dans un acte vertueux, j'ajoute au monde; je plante dans des déserts conquis sur le Chaos et le Néant, et vois l'obscurité reculer aux limites de l'horizon. Il ne peut y avoir aucun excès dans l'amour; aucun dans la connaissance; aucun dans la beauté, quand ces attributs sont considérés dans leur sens le plus pur. L'âme refuse les limites, et affirme toujours un Optimisme, jamais un Pessimisme.”

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